Lundi 10/10/2011
On quitte Erzurum en passant devant la Çifte Minareli Camii, hélas pour les photos, en rénovation. On constate en fait, qu’à part le centre ville, Erzurum est assez pauvre. En tout cas c’est l’impression que donnent toutes ces ruines de maisons (?) en entrée et sortie de ville… On traverse de grandes zones militaires, ça rappelle un peu la région de Şile, aussi très militarisée.
On roule bien car ça descend de manière générale aujourd’hui, on passe de 1900 à 1600 m grosso-modo, du coup on atteindra 66 km assez tôt malgré le départ vers 10h.
Pour midi, on est sur la D-100 et dans ce décor un peu désertique, on a du mal à trouver un endroit pour manger. Un coin d’ombre à l’abri d’une cabine métallique (oui, il fait chaud de nouveau, on est redescendu).
Puis on continue notre 2×2 bandes pour bifurquer sur une plus petite route et on s’arrête aux pieds des montagne qu’on garde pour demain! Encore 22°C juste avant le coucher du soleil! Ça change!
Mardi 11/10/2011
Trop chaud, trop froid, la nuit n’était pas aussi bonne qu’attendue. On reprend la route après un record de rangement/démontage/petit déj’ : 1h20! D’hab c’est plutôt 2h. Comme prévu, ça grimpe, mais on sent que c’est faisable donc pas de panique, des petites pauses et tout roule!
Le paysage est devenu plus désertique depuis quelques temps, le niveau de vie apparent dans les villages a aussi changé, c’est plus pauvre. Les maisons changent aussi, les briques font placent aux pierres. Les supermarchés qu’on connaissait ne sont plus là, heureusement il y a toujours les « büfe » ou autre « ticaret » pour trouver ce qu’on a besoin. Avant de manger, on était un peu juste en eau, ne voyant pas de source, on demande dans un bled de chez bled et les enfants me conduisent à ce qui ne ressemble pas à une mosquée mais qui en est bien une pour aller remplir les gourdes là où ils se lavent les pieds après la prière. Mmmh, bien fraîche. Arrivés en haut, coup de barre et on mangera donc là.
La suite de la journée c’est des petites montées et descentes sur une route un peu plus importante (mais petite quand même) mais moins bien entretenue. Sur la route, on croise deux blindés, un bleu avec un type (foulard et lunette de soleil) installé à la mitrailleuse et un camouflage… Etait-ce vraiment un convoi militaire? Les gendarmes probablement! Mais ça va, ils ont fait un petit coup de klaxon et un signe de la main, tout va bien 😉 Quelques courses à Karayazı et on se rend compte que déjà une quinzaine de personnes autour de nous, ça nous pèse… Initiation pour l’Inde et ses bains de foules!
Campement loin des regards dans un champs de… cailloux, où Elodie nous déniche un endroit plus ou moins plat et sans cailloux.
Mercredi 12/10/2011
Qu’y a-t-il de pire qu’une mauvaise route, à part une très mauvaise route? Une route fraîche, ouverte à la circulation! Le temps de réagir, de se demander quoi faire et de s’arrêter, nos mollets, chaussures, chaussettes, nos sacoches et le vélo étaient plein de projections de goudron et gravier! Alors qu’on pensait profiter d’une belle descente, on continue à du 5-6 km/h pour éviter les taches supplémentaires. Le goudron, qu’on aime tant quand il est sec et roulant, nous gâche une partie (du moral) de la journée d’aujourd’hui!
Pour manger, on s’arrête derrière une cabine électrique car le vent souffle fort (j’en rate le démarrage du réchaud). Les pâtes avalées, on entame le nettoyage des sacoches et des porte-bagages avec nos lingettes (reçues en resto ou visites). Ça va, ça part en frottant fort. Là où c’est plus difficile c’est sur les mollets, bah, ça partira avec le temps, c’est sec.
On s’arrête ensuite à Tutak pour faire quelques courses et nous voilà de nouveau entourés de monde! Mouais mouais mouais… ça passe un peu mieux, mais ce qui nous pèse le plus c’est les enfants qui se « moquent » de nous (ouiiiii, ce ne sont que des enfants…) et leur « Hello, what is your name » 20x en 10 m! Bon, on quitte la petite ville sans que personne nous offre le thé (dingue). Alors qu’on se renseigne pour camper à côté d’un champs, on nous parle de « terrorist »… Bon, on se rapproche d’un tout petit village et je vais voir à la première maison pour signaler qu’on va camper à quelques mètres. De nouveau, l’avis semble négatif (mime de menottes?) et on installe notre tente un tout petit peu plus loin. Elodie est fatiguée et un peu stressée de la situation. Bon, on monte le camp discrètement. Alors que tout est quasi en place, le monsieur de la première maison vient avec toute la famille et les voisins pour finalement nous inviter à manger et dormir!!! 🙂 On démonte le camp le plus vite possible sous les regards du groupe et les faisceaux de nos lampes frontales. Le vélo fera dodo avec les vaches!
On arrive donc dans une de ces maisons typiques où toutes les pièces ont quasi toutes les fonctions, tout dépend de ce qu’on y met (matelas, coussins,…). On apprend que Nayime a eu 14 enfants et il semblerait que leur dernier ait le même âge que leur petit-fils (si on a bien compris). Le repas, c’est deux touristes devant un grand plateau de pain et fromages maison avec une famille en rang d’oignons en train de les regarder. C’est troublant au début, mais on s’y fait (car on a faim). On a tout de suite remarqué que ce sont les deux adolescentes qui font tout dans la maison! L’une de 14 ans va encore à l’école et l’autre de 17 passe son temps à s’occuper des tâches ménagères et de la famille (ouf, les 14 enfants ne sont pas là, les plus grands sont déjà partis).
On passe la soirée à (tenter de) discuter et on s’en sort avec des signes et nos quelques mots de turc. Elodie reçoit un voile en échange d’une de nos photos de mariage emportées, voilà qui est bien pour l’Iran. On apprend que la famille est kurde… évidemment : l’accueil, la peau, le langage (j’arrive à repérer la différence entre turc et kurde, ça sonne plus arabe, même s’ils ne veulent pas l’admettre car ils ne semblent pas apprécier les arabes).
On dormira dans la même pièce après que les filles aient apporté matelas, oreillers et couette (on est prié de ne rien faire).
L’air de rien, on vient de passer le cap des 4000 km!
Jeudi 13/10/2011
La nuit fut bonne et le réveil avec la pluie nous conforte dans l’idée d’avoir passé la nuit chez nos hôtes, au sec! Petit déj’ qui ressemble à notre souper d’hier, avec un verre de lait chaud « maison » en prime!
On recharge le vélo et on dit au revoir à nos hôtes et un nouvel invité pointe le bout de son nez : le vent! A part des petites brises, on n’avait pas encore eu affaire à lui. Ça commence par un fort vent latéral gauche, assez dangereux car lors d’un dépassement par un véhicule le vent s’arrête subitement et on se déporte (par réaction à la disparition du vent) vers les véhicules qui suivent… C’est une histoire d’anticipation et de force dans les bras! 😉
Comme la route tourne, on se retrouve avec le vent de face et on terminera la journée à Patnos après 35 km fatiguant en espérant trouver un hôtel pas cher. Deux jeunes (de notre âge) nous accostent par hasard, on marchait les uns à côté des autres. Emre et son ami nous emmènent manger ce qu’on voulait : une pide. Ensuite, on demande combien coûte la pension juste au-dessus : 60 TL, trop cher pour nous. Le prix tombe très vite à 50 TL puis voyant nos têtes et discutant entre eux, on sera invités à l’hôtel!!! 0 TL! On va boire quelques thés avec Emre avec qui nous discutons via Google Translate… Notre nouvel ami kurde semble très ouvert à tous les sujets, c’est cool!
On est bien fatigués par ce vent fort et constant de la matinée et on file sous la douche (au quatrième jour sans se laver, ça fait du bien). On retrouve Emre pour aller manger une pizza et boire un thé ce soir et la discussion tourne souvent autour des thèmes kurde-turc, vélo, enfants! Pour rire, Emre tente de me faire répéter LA phrase qui fait de toi un musulman, mais il a été démasqué! On rigole bien avec lui, c’est relax! C’est marrant car on arrive pas bien à cerner ce gars tantôt humaniste, tantôt mafiosi (on a payé aucun thé consommé dans les cafés), tantôt meilleur ami, tantôt turc mais toujours kurde et fier de l’être!
On passe vite fait au supermarché car Emre veut nous le faire visiter. On en profite pour racheter quelques trucs dont on a besoin.
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